L'Association vous présente, pour l'instant, un bref historique du village de Brovès, qui viendra s'enrichir prochainement de récits et photos plus détaillées sur chacune des époques que ce village a traversé jusqu'en 1974.
Histoire des différents projets de camp militaire à Canjuers
1873 : premier projet de création d’un champ de tir sur le plateau de Canjuers et d’une école militaire dans le Var dans le cadre de la réorganisation de l’armée française instaurée par le président Adolphe Thiers à la suite de la défaite de 1871 contre les Prussiens.
1931 : première incursion militaire concrète dans la commune de Brovès avec l’installation d’un polygone de tir de circonstances dans le vallon de Clos Magnan.
1954 : projet d’un polygone de tir de 25 000 hectares empiétant sur 13 communes du Haut-Var entre Aiguines et Comps. Brovès n’est pas touché par l’emprise militaire.
1955 : L’emprise militaire est diminuée de 6 000 hectares et légèrement déplacée vers l’est du département. Brovès perd désormais 125 hectares sur son territoire.
Août 1955 : Les appelés du contingent partent pour l’Algérie. Le projet de polygone de tir n’est plus une priorité et est mis en sommeil.
Juillet 1962 : fin de la guerre d’Algérie : un nouveau projet voit le jour dont l’emprise porte désormais sur 35 000 hectares partant d’Aiguines jusqu’à Mons. La commune de Brovès, intégralement incluse dans le périmètre défini, est sacrifiée.
Chronologie de douze ans de lutte pour sauver Brovès
1962
Juillet : Le général Houssaye, commandant la VIIe région militaire, dévoile la volonté des autorités militaires de rechercher un lieu suffisamment vaste pour installer un polygone de tir et un champ de manœuvres destinés à l’artillerie moderne. Le plateau de Canjuers, de par sa faible démographie, est fortement pressenti.
5 août : création à Lagnes du syndicat de défense des propriétaires du Haut-Var.
1963
15 janvier : le projet de création d’un immense polygone de tir à Canjuers est officiellement présenté au conseil général du Var par le préfet Armand Berthet.
2 février : réunion secrète entre le général Houssaye et Édouard Soldani, président du conseil général du Var et maire de Draguignan. La discussion porte sur la possible installation d’une école d’artillerie à Draguignan si le projet de Canjuers voit le jour.
5 avril : publication de la note explicative justifiant du choix du site du Haut-Var et les grandes orientations prévues pour son installation et son utilisation.
21 avril : création d’un syndicat de défense de la propriété et des biens de Brovès et première manifestation de mécontentement avec l’édification d’un barrage à l’entrée du village.
28 avril : Le premier ministre, Georges Pompidou, annonce, lors d’une visite à Toulon que tout est d’ores et déjà signé pour Canjuers.
30 mai : Pierre Messmer, ministre des Armées, confirme officiellement le regroupage de plusieurs écoles d’artillerie à Draguignan et l’implantation d’un vaste champ de tir à Canjuers.
15 septembre : importante manifestation à Brovès avec la participation de nombreux élus du Haut-Var. La départementale 25 est coupée.
14 octobre : une délégation d’élus varois est reçue à Matignon par le premier ministre et le ministre des Armées.
21 octobre : ouverture de l’enquête d’utilité publique.
3 novembre : manifestation de grande envergure à Brovès, organisée par le mouvement pour la Paix, réunissant quatre à cinq mille personnes.
15 novembre : visite d’une commission d’experts militaires chargés d’étudier la possibilité d’exclure le village de Brovès de l’emprise militaire.
1964
28 mars : Pierre Messmer annonce qu’il n’y a aucune possibilité d’exclure Brovès du périmètre militaire envisagé et accorde un délai de dix ans à ses habitants pour quitter les lieux.
15 mai : la commission de contrôle des opérations immobilières poursuivies par les services publics émet un avis favorable au projet de Canjuers.
17 septembre : publication du décret déclarant d’utilité publique la création d’un champ de manœuvres et de tir dans la région dite des plans de Canjuers.
4 novembre : publication, à l’attention du premier ministre, d’un mémoire, élaboré par le syndicat de défense, détaillant l’activité économique réelle du Haut-Var.
3 décembre : la commune de Brovès sollicite le Conseil d’État afin de faire invalider le décret d’utilité publique.
1965
28 mars : réélection de Félix Lambert à la mairie de Brovès.
5 décembre : Lors des élections présidentielles, les électeurs brovésiens mettent unanimement un bulletin avec la simple mention sauvez Brovès dans l’urne.
1966
30 mai au 15 juin : L’Escolo de lar, centre de maintenance et de culture provençale d’Aix-en-Provence, réalise un formidable travail d’inventaire des richesses naturelles, culturelles et humaines de la commune de Brovès. Leur étude est exposée plusieurs semaines à Brovès, puis dans d’autres villages du Haut-Var et enfin à Aix-en-Provence.
1967
3 avril : Début de l’enquête parcellaire
27 avril : Le commissaire-enquêteur donne un avis favorable.
25 octobre : Le conseil d’État rejette la demande d’annulation du décret d’utilité publique demandée par la commune de Brovès. Toutes les voies judiciaires sont désormais épuisées.
2 décembre : les premières expulsions forcées sont exécutées à Aiguines.
1968
1er octobre : visite du ministre des Armées, Pierre Messmer, à Canjuers qui demande une accélération du processus d’acquisition des parcelles.
1969
29 mars : Le conseil municipal de Brovès entérine l’idée d’une fusion avec le village voisin de Seillans. Un grand nombre de propriétaires brovésiens s’opposent à ce projet.
28 mai : les premiers tirs sont effectués dans différents endroits de Canjuers.
1970
4 août : publication du décret de fusion entre Brovès et Seillans. La commune de Brovès est officiellement rayée de la carte de France.
27 septembre : dix-neuf hectares sont acquis au lieu-dit la Bégude pour la reconstruction du village.
1971
19 mars : expulsion des derniers habitants de Chardan, hameau de la commune de Comps.
21 mars : Lors des élections municipales, Charles Philipp, maire de Seillans, est battu par Marius Laugier. Les rapports entre élus brovésiens et seillanais s’enveniment rapidement.
1973
19 juin : publication du règlement concernant les acquisitions des parcelles de la Bégude par les Brovésiens.
3 septembre : début des travaux de terrassement du nouveau village par le 61e régiment mixte de génie.
5 novembre : transfert des corps exhumés dans différentes sépultures de Brovès vers le nouveau cimetière de Brovès-en-Seillans.
8 décembre : report de la date d’expulsion des Brovésiens au 1er juin 1974.
1974
10 avril : attribution des lots du futur village par tirage au sort.
27 mai : déménagement de la mairie et fermeture de l’église
30 mai : fermeture du bureau de poste
31 mai : nouvelle tentative infructueuse pour repousser l’échéance à septembre.
6 juin : distribution des avis d’expulsion immédiate aux derniers Brovésiens toujours présents au village..
7 juin : coupure de l’électricité, du téléphone et de l’eau courante. Expulsion des derniers habitants de la commune.
8 juin : début des grandes manœuvres militaires
Alain Constanzo